Dr. Saoud et Mr. Djihad by Pierre CONESA

Dr. Saoud et Mr. Djihad by Pierre CONESA

Auteur:Pierre CONESA [CONESA, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Enquête
Publié: 2016-09-07T22:00:00+00:00


L’action saoudienne dans les pays du Maghreb

En Algérie malgré un changement d’ambiance les problèmes persistent

En juin 2015, le ministre des Affaires religieuses, Muhammad Aïssa, mène une véritable croisade contre l’émergence de plus en plus agressive des fatwas salafistes. Lors d’un récent passage sur les ondes nationales, il a osé pousser plus loin le discours officiel. Interrogé sur les ravages que provoque l’idéologie wahhabite dans la société, Muhammad Aïssa n’y est pas allé par quatre chemins pour nommer les choses : « Le wahhabisme peut être bénéfique, mais seulement dans la société où il a vu le jour. Ce n’est pas le cas chez nous, surtout pas en Algérie, où nous avons un référent religieux. » Il a confirmé début janvier que l’imam salafiste radical saoudien Muhammad al-Arifi, professeur à l’université King Saud et membre de la LIM, ne serait pas parmi les invités d’un prochain colloque qui se tiendra à Constantine : « Cette demande ainsi que l’octroi du visa ont été refusés, parce que nous savons qu’il est un acteur dans la subversion du système appelé Printemps arabe et qu’il est aussi un promoteur de propagande au profit du groupe radical de Jabhat al-Nosra (front al-Nosra) relevant d’al-Qaida en Syrie. »

L’Algérie a connu une des pires guerres religieuses durant la décennie 1990, « les années noires » (environ 150 000 morts). Les racines en sont clairement analysées, en particulier par l’anthropologue Abderrahmane Moussaoui, dans un article intitulé « L’islam traditionnel mis à mal par les chouyoukh124 ». Il pense que l’ouverture de l’université islamique de Médine, en 1960, véritable académie, école de management et de marketing de la doctrine wahhabite, constitue un tournant majeur, et de nombreux Algériens du pays nouvellement indépendant sont allés y suivre un cursus en sciences islamiques, côtoyant ainsi les grands maîtres saoudiens. « Ils sont accueillis, logés, on leur enseigne la maîtrise de la langue arabe et du fiqh [jurisprudence islamique]. Les plus grands théologiens y enseignent leurs préceptes. L’enseignement de l’arabe classique constitue un outil de charme pour attirer les adeptes. L’université saoudienne accorde aussi une bourse à ses étudiants. » Les élèves algériens suivent des stages dans les grandes mosquées saoudiennes, enrichissant ainsi leur curriculum vitæ, qui ne manque pas d’impressionner une fois rentrés au pays. Une grande partie des salafistes algériens des années 1980 et 1990 ont bénéficié de ces enseignements dans des conditions très confortables. Dans leur biographie, les islamistes algériens décrivent cette époque comme quelque chose de « magique », donnant l’impression d’avoir été bouleversés par leurs rencontres. Ils seront au premier rang des candidats au djihad lorsque les troupes russes pénétrèrent en Afghanistan. « À certains égards, l’épopée afghane a pu être considérée comme le début de la restauration de la maison de l’islam. Le premier martyr arabe en Afghanistan était un Algérien, ancien étudiant de Médine », conclut l’anthropologue.

Les premiers actes terroristes, à la faculté de droit, en 1976, sont passés sous silence par Boumediene qui savait pertinemment qu’un mouvement politique islamiste était en train d’investir l’université pour endoctriner les étudiants et contrer l’opposition de gauche.



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